Le Kinkeliba malien fait un tabac

Publié le par Aminata Mariko

 

arton2646Seydou Diallo s'est lancé dans une expérience jusque-là inédite : le conditionnement industriel du kinkéliba

 

 

 

La transformation moderne des produits locaux figure parmi les maillons faibles de notre économie. Or de l'avis des experts, c'est elle qui crée la valeur ajoutée et permet de lutter efficacement contre la pauvreté. Depuis quelques années, les pouvoirs publics ont mené et encouragé des initiatives visant à inciter nos compatriotes de l'intérieur et de l'extérieur à investir dans le pays pour la transformation de produits locaux. Seydou Diallo est un jeune opérateur qui a décidé de tenter une expérience jusque-là inédite : le conditionnement industriel du kinkéliba. Ce graphiste de formation, mais amateur du kinkéliba a lancé en janvier dernier une unité de transformation et de conditionnement à grande échelle du kinkéliba baptisée "Bella Infusion". Et en six mois d'activité seulement, le produit a conquis le marché malien. Et sa production ne cesse d'augmenter. La production de l'usine était, au démarrage, de 60.000 paquets de 50 grammes par mois. Aujourd'hui, elle avoisine les 120.000 paquets. Chaque paquet contient 25 sachets d'infusette. Le kinkéliba a toujours occupé une place privilégiée dans le petit-déjeuner des Maliens, surtout en milieu rural. Dans les centres urbains, il a peu à peu remplacé dans de nombreuses familles le thé importé. C'est ce nouvel engouement qui a incité Seydou Diallo à tenter cette expérience. Des difficultés, le jeune promoteur en a connues beaucoup. "Au début, les spécialistes m'ont découragé en alléguant que le marché de l'infusion était dominé par le thé chinois. Mais, j'ai tout de même pris le risque. Beaucoup de banques ont refusé le financement, parce qu'elles trouvaient le projet trop risqué. Mais, avec la détermination, j'ai pu injecteré plus 100 millions de Fcfa. Aujourd'hui, je suis incroyablement surpris du succès de mon entreprise qui emploie de façon permanent 40 personnes", explique Seydou Diallo. En plus du Kinkéliba, indique-t-il, la fabrique "Belle Infusion" s'est lancée dans la production de l'hibiscus ou oseille (bissap) en infusion, de la citronnelle, du gingembre et d'autres dérivés de différents produits. Le grand souci de l'entreprise réside dans la présentation de ses produits. Ceux-ci sont conditionnés dans des emballages modernes à l'image des produits importés. Cheick Diakité, un étudiant malien en marketing et publicité en France témoigne : "Quand j'ai vu le kinkéliba pour la première fois dans les rayons d'un supermarché parisien, je n'en revenais pas. Je me suis dit voilà, un produit de chez moi que d'autres personnes ont valorisé. Mais, j'ai été surpris de lire sur le paquet "Made in Mali". J'en étais tellement fier que j'ai acheté plusieurs paquets pour les offrir aux autres étudiants maliens de ma faculté", témoigne cet étudiant. Le conditionnement peu soigné de nos produits handicape leur commercialisation, relève-t-il. Un emballage protège la nourriture d'une contamination externe et sert de support aux informations pour le consommateur. "Que ce soit une boîte de conserve, une bouteille en verre, un bocal ou un carton, l'emballage de nos aliments est décisif dans le choix du consommateur. Dans certains cas, le choix du matériau peut influencer les qualités nutritionnelles d'un produit", assure notre étudiant. Le promoteur de " Bella infusion " partage cet avis. L'accès aux emballages constitue un des principaux obstacles au développement du secteur de la transformation des produits agroalimentaires dans notre pays, juge-t-il. Les petites et moyennes entreprises du secteur agroalimentaire sont ainsi confrontées à des contraintes récurrentes liées à la nature et à la qualité de leurs emballages. Alors que ces éléments constituent non seulement le premier contact du produit avec l'extérieur, mais demeurent un outil primordial pour la traçabilité, d'où leur influence certaine sur le choix du consommateur. "Pour donner une bonne image à mes produits, j'ai dépensé plus de 20 millions dans la confection des emballages. C'était un risque, mais cela valait la peine. Le résultat est très satisfaisant", confirme-t-il en insistant sur l'urgence d'implanter une industrie d'emballages et d'étiquettes dans notre pays. Une entreprise de ce genre s'avèrera déterminante dans la qualité des emballages, donc dans l'insertion des produits sur le marché international qui, elle-même, dépend largement du respect des normes sanitaires, phytosanitaires et environnementales, fait-il remarquer. " Bella infusion " est aujourd'hui en passe de devenir un bon exemple de réussite pour les industries agroalimentaires désireuses de conquérir le marché international. Elles doivent pour cela s'adapter aux exigences de l'international, des exigences qui influent sur toute la filière agroalimentaire. Aujourd'hui, le secteur doit préserver ses débouchés actuels et s'ouvrir de nouveaux marchés. La bonne recette pour cela est résumée par un adage de chez nous qui doit exister sous toutes les latitudes : "Les belles choses se vendent elles-mêmes".

Publié dans Le Mali

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